Pierre Mornet

Queste sono le ultime 4 poesie che compongono il lungo poema di Lucien Becker.
Spero che la lettura di questo autore vi sia stata gradita.

Ce sont les dernieres 4 poésies qui composent le long poème de Lucien Becker.
J’espère que vous avez apprécié la lecture de cet auteur.

17

Sono prigioniero del tuo viso
Come un muro dello specchio.
Soppesato dal tuo sguardo,
il mondo perde il suo peso di pietre.

Il canto del tuo sangue sotto la pelle
è dolce da ascoltare
come quello delle erbe
inseguite dal vento.

So che la morte non può farmi nulla
finché ci sei tu tra lei e me,
finché si accende nella tua carne
la lucciola del piacere.

Il tramonto vortica su ciascuna delle tue unghie
prima di andare a ingrossare la terra di un’ultima montagna di chiarore.
e posso vedere sul tuo polso il passo
che compie la tua vita per venire da me.

18

Al di là delle mie mani chiuse su di te,
oltre questo bacio che ci denuda,
oltre l’ultima parola che hai appena detta,
c’è il desiderio che teniamo vivo contro di noi.

C’è la vita degli altri che viene dalla città
senza poter andare oltre la porta
dietro la quale le mura ascoltano al nostro posto
il rumore che il cuore degli uomini fa in strada.

Tu superi le erbe
di poche altezze dal sole.
Ti sento a malapena benché sia sopra di te
come sulla punta più aguzza di una montagna.

Tu sei intera contro ciascuna delle mie mani,
sei intera sotto le mie palpebre,
sei intera dai miei piedi alla testa,
sei sola tra il mondo e me.

19

Rimane il sole sulla tua bocca
là dove brilla ancora un bacio.
Il tuo viso gli appartiene ma me lo rende
per le notti più lunghe della mia vita.

Il tuo corpo per cui mi sveglio
si illumina più velocemente del giorno
perché il sole esce in tutti i luoghi
dove ci sono ciottoli da modellare.

Le foreste si denudano per lui
nel segreto delle loro radure
ma è sulla tua gola
che bisogna far crescere i suoi frutti più belli.

La terra gli presenta una a una
le sue valli più ricche,
ma è sul tuo ventre che si ferma,
semplice mazzo di fiamme.

20

Il tetto dei paesi è posato sulla terra
e i prati fuggono da tutte le parti
intorno ai muri bianchi
che avanzano d’una casa ogni secolo.

Penso allo stupore del tuo ventre
che sempre guarda la mia voglia per la prima volta
Penso alle foreste che abbattiamo
quando la mia carne matura nella tua.

Penso all’orgoglio dell’estate
sulla polvere delle strade,
al ruscello che smette per un attimo di scorrere
per meglio essere abbagliato dalla nudità della luce.

A rimanere in piedi in questo luogo sconfinato e luminoso
sento di non avere abbastanza polmoni
per contenere la vita che viene verso di me
allo stesso modo che il tuo corpo viene verso il mio.

Lucien Becker, Rien que l’amour, (Ed. La Table Ronde, 2019)
Traduz. di Marcello Comitini

17

Je suis prisonnier de ton visage
à la façon dont un mur l’est du miroir.
Pesé par ton regard,
le monde perd son poids de pierres.

Le chant de ton sang sous la peau
est aussi doux à entendre
que celui des graminées
poursuivies par le vent.

Je sais que la mort ne peut rien me faire
tant que tu restes entre elle et moi,
tant que s’allume dans ta chair
le ver luisant du plaisir.

Le couchant tournoie sur chacun de tes ongles
avant d’aller grossir la terre d’une dernière montagne de clarté
et je peux voir a ton poignet les pas
que ta vie fait pour venir jusqu’à moi.

18

Au -delà de mes mains refermées sur toi,
au-delà de ce baiser qui nous dénude,
au-delà du dernier mot que tu viens de dire,
il y a le désir que nous tenons vivant contre nous.

Il y a la vie des autres qui remonte de la ville
sans pouvoir aller plus loin que la porte
derrière laquelle les murs écoutent à notre place
le bruit que le cœur des hommes fait dans la rue.

Tu dépasses les herbes
de quelques hauteurs de soleil.
Je te sens à peine bien que je sois sur toi
comme sur la pointe la plus aiguë d’une montagne.

Tu es entière contre chacune de mes mains,
tu es entière sous mes paupières,
tu es entière de mes pieds à ma tête,
tu es seule entre le monde et moi.

19

Le soleil reste sur ta bouche
à la place où miroite encore un baiser.
Ton visage lui appartient mais il me le rend
pour des nuits plus longues que ma vie.

Ton corps pour lequel je m’éveille
s’éclaire plus vite que le jour
parce que le soleil surgit à toutes les places
où il y a des cailloux à pétrir.

Les forêts se dénudent pour lui
dans le secret de leurs clairières
mais c’est sur ta gorge
qu’il fait pousser ses plus beaux fruits.

La terre lui présente une à une
ses vallées les plus riches,
mais c’est sur ton ventre qu’il s’arrête,
simple bouquet de flammes.

20

Le toit des villages est posé sur la terre
et les prés fuient de toutes parts
autour des murs blancs
qui avancent d’une maison par siècle.

Je pense à l’étonnement de ton ventre
qui regarde toujours mon désir pour la première fois
Je pense aux forêts que nous faisons tomber
quand ma chair mûrit dans la tienne.

Je pense à la hauteur de l’été
sur la poussière des routes,
au ruisseau qui s’arrête un instant de couler
pour mieux s’éblouir de la nudité de la lumière.

A rester debout dans ce pays démesuré de clarté,
je sens que je n’ai pas assez de poumons
pour retenir la vie qui vient vers moi
à la façon dont ton corps vient vers le mien.

Lucien Becker, Rien que l’amour, (Ed. La Table Ronde, 2019)